Quand la vie perd sa ligne : traverser une crise existentielle
- psyncoenligne@gmail.com
- 5 juin
- 3 min de lecture
Un jour, on se lève, et quelque chose a changé. Ce n’est pas une douleur franche. Ce n’est pas une fatigue. Mais tout semble s’être décalé. Comme si la vie poursuivait son cours, mais que nous n’y appartenions plus.
Cette sensation étrange, subtile, parfois insoutenable, porte un nom que l’on prononce rarement sans malaise : la crise existentielle.
Une perte de sens, pas une maladie
Contrairement à la dépression, la crise existentielle n’engloutit pas forcément l’élan vital. Elle questionne, fissure, oblige à regarder autrement. Elle ne vient pas pour détruire, mais pour bousculer.
Vécu de flottement | Vécu d’effondrement |
Questionnement actif | Inhibition profonde |
Désir de compréhension | Perte du désir |
Élan vital souvent intact | Énergie diminuée |
Ces deux états peuvent coexister, s’imbriquer. Une écoute thérapeutique permet d’y voir plus clair.
Quand le récit de soi ne tient plus
Selon Freud, le sujet humain est traversé par un conflit permanent : entre ce qu’il désire et ce que la société exige. Tant que le compromis fonctionne, la vie “tient”. Mais un jour, le récit craque.
Lacan, lui, évoque le manque fondamental au cœur du désir humain. Et lorsque les objets supposés combler ce vide cessent d’opérer – statut, couple, sécurité – le réel surgit sans médiation. Brutalement.
Chez Winnicott, c’est le “faux self”, forgé par adaptation, qui s’essouffle. La crise devient alors une tentative du “vrai soi” pour revenir à la surface.
Et si le vertige était un éveil ?
Yalom évoque quatre grandes angoisses existentielles :
La mort (notre finitude),
La liberté (et le vertige du choix),
L’isolement (même entouré),
L’absence de sens (qui suis-je, pourquoi ?).
Ces tensions ne sont pas pathologiques : elles sont humaines. Mais elles peuvent devenir insoutenables lorsqu’elles ne sont plus portées par un sens vécu.
Frankl, rescapé de l’indicible, insiste :
“L’homme peut endurer toutes les souffrances, sauf celle de vivre sans pourquoi.”
Ce qui surgit dans les moments charnières
À 28 ans, après avoir coché toutes les cases : « Tout ça pour ça ? »
À 45 ans, quand le couple, le travail, les enfants ne suffisent plus : « Je ne me reconnais plus. »
À 65 ans, en retraite : « Qui suis-je sans mon utilité ? »
La crise n’est pas toujours visible. Elle n’a pas besoin d’un drame pour exister. Parfois, c’est le silence même qui devient insupportable.

Boîte à outils thérapeutique
1. Offrir un espace de parole : La thérapie accueille l’impensé. Ce qui n’a pas pu se dire. Elle autorise la question sans chercher à la résoudre trop vite.
2. Tenir un carnet de veille intérieure : Y inscrire les pensées vagues, les sensations, les souvenirs spontanés. Cela trace un chemin là où tout semble informe.
3. Explorer les fidélités inconscientes : Nos choix portent parfois la voix d’un parent, d’un aïeul, d’un “tu dois” hérité. La thérapie transgénérationnelle permet de se désenlacer doucement de ces chaînes invisibles.
4. Créer sans performance : Peindre, coller, écrire, danser, jardiner...
Créer, c’est dire autrement. C’est rendre visible ce qui ne peut encore se formuler.
5. Noter ses rêves : Les rêves racontent souvent avant nous ce qui cherche à naître ou à mourir en silence.
6. Revenir au corps : Le corps, dans sa lenteur, sa marche, sa respiration, nous guide quand le mental est en vrac. Il aide à redescendre de l’abstraction pour revenir à l’ancrage.
Et après la crise ?
Il n’y a pas de solution miracle. Il y a un cheminement lent et sincère vers soi. La crise existentielle n’est pas une rupture à réparer, mais un passage à honorer.
Elle parle d’une vie devenue trop étroite. D’un élan qui appelle ailleurs. Elle ne vient pas punir : elle vient réveiller.
Une parole pour finir
“Il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse.”
Friedrich Nietzsche
Je vous accompagne dans cette traversée
Si vous vous sentez en décalage, en flottement, ou à un moment charnière de votre vie, je vous accueille à Aix-en-Provence, dans un espace confidentiel et bienveillant. Parfois, il suffit d’un lieu où ne pas avoir à savoir tout de suite.
Berrine Janssoone
Psychanalyste
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