Pourquoi certaines femmes choisissent-elles des hommes violents ?
- psyncoenligne@gmail.com
- 23 sept. 2024
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 mars
L'amour peut parfois prendre des chemins obscurs. Ce qui, au départ, ressemble à une belle histoire, se transforme peu à peu en un piège, une relation faite de douleurs et de blessures. Comment expliquer que certaines femmes, intelligentes, autonomes, tombent amoureuses de partenaires qui les maltraitent, les humilient, ou pire encore, les détruisent ? Si l'on regarde de plus près, on découvre qu'il ne s'agit jamais d'une simple « erreur de jugement ». Derrière chaque relation toxique, il y a une histoire, des blessures invisibles et des mécanismes inconscients qui poussent à reproduire certains schémas destructeurs. Cet article n’a pas pour but de juger, mais d’éclairer. Si vous vous reconnaissez dans ces lignes, il est important de comprendre qu’il existe toujours un chemin vers la guérison et la liberté.
L’attachement insécurisé : lorsque l’amour se mêle à la peur
Pour beaucoup d’entre nous, l'amour se façonne dès l'enfance. C’est dans nos premières relations, souvent avec nos parents, que nous apprenons ce que signifie aimer et être aimé. Malheureusement, ces premières expériences ne sont pas toujours sécurisantes. Quand une petite fille grandit avec des parents distants, critiques, ou qui oscillent entre amour et rejet, elle peut développer une idée déformée de l’amour. Un amour qui se mérite, un amour qui fait mal.
Prenons Nathalie. Enfant, elle ne recevait que peu d’attention de ses parents. Son père, souvent absent, n’était présent que pour la critiquer ou la rabaisser. Nathalie a appris très tôt à chercher désespérément cette validation, sans jamais vraiment l'obtenir. En grandissant, elle a choisi des hommes qui lui rappelaient cette même dynamique : des partenaires distants, critiques, et parfois violents. Pour elle, la violence faisait partie du « package ». C'était sa manière, inconsciente, de recréer cette quête d’amour et de reconnaissance qu’elle n’avait jamais eue.
Puis il y a Sarah, qui, contrairement à Nathalie, n'a jamais manqué d'amour maternel, mais dont la mère était terrifiée à l'idée d'être abandonnée par son mari. Elle restait dans un mariage malsain par peur de se retrouver seule. En observant sa mère, Sarah a appris qu’il fallait s’accrocher à tout prix, même à un homme violent. Adulte, elle a cherché à tout prix à sauver ses relations, même les pires, pensant que l'amour devait être intense, difficile, et qu’il fallait endurer pour ne pas perdre.
La transmission familiale : les blessures des générations précédentes
Parfois, ce ne sont pas nos propres expériences qui nous façonnent, mais celles des générations passées. Des histoires de violence, de silence, de souffrance, qui se transmettent inconsciemment. On hérite de schémas qui ne nous appartiennent pas, mais qui pèsent sur nos choix de vie.
La transmission familiale : les blessures des générations précédentes
Parfois, ce ne sont pas nos propres expériences qui nous façonnent, mais celles des générations passées. Des histoires de violence, de silence, de souffrance, qui se transmettent inconsciemment. On hérite de schémas qui ne nous appartiennent pas, mais qui pèsent sur nos choix de vie.
Marie n'a jamais connu son grand-père, mais elle a grandi en sachant qu'il battait sa grand-mère. Elle a vu sa mère, forte en apparence, mais marquée par ce passé. Ce traumatisme familial, bien qu’invisible, s’est glissé dans la vie de Marie. En grandissant, elle a attiré des hommes violents, sans comprendre pourquoi. Elle reproduit, presque malgré elle, l’histoire de ses ancêtres, cherchant peut-être inconsciemment à réparer quelque chose qui ne lui appartient pas vraiment. Ces blessures transgénérationnelles, ce sont des loyautés invisibles qui nous lient à notre passé, même lorsque nous tentons de les fuir.
Masochisme érotisé : quand la douleur devient synonyme d'amour
Certaines femmes associent, sans le savoir, la violence à l’amour. Non pas parce qu'elles aiment souffrir, mais parce que la douleur leur a été associée à des moments d’intensité émotionnelle, voire de plaisir. C’est un schéma complexe, où les frontières entre l’amour, la passion et la violence deviennent floues.
Claire a grandi avec un père qui, après chaque crise de colère, devenait soudainement affectueux et tendre. Pour elle, la violence n’est pas seulement une menace, elle est aussi le prélude à une réconciliation intense. Adulte, Claire recherche des relations similaires. Quand elle est avec un homme violent, elle endure la douleur en sachant qu’une phase de passion suivra. Ce cycle l’use, mais elle ne sait pas comment sortir de cette spirale où la violence semble être une preuve d’amour. C’est une dynamique insidieuse où la souffrance devient une monnaie d’échange pour accéder à des moments de tendresse.
Revivre pour mieux contrôler : l’illusion du pouvoir
Quand on a vécu des expériences traumatiques dans l’enfance, il n’est pas rare de vouloir les revivre, mais cette fois en pensant que l’on pourra les maîtriser. C’est ce que les psychanalystes appellent la compulsion à répéter. On choisit inconsciemment de revivre un traumatisme dans l’espoir, cette fois, de changer l’histoire.
Sandrine a été abusée par son beau-père lorsqu’elle était enfant. Elle a juré de ne plus jamais être victime. Pourtant, adulte, elle se retrouve dans des relations violentes. Cela semble contradictoire, mais en réalité, Sandrine cherche à revivre ce traumatisme pour, cette fois, avoir le contrôle. Elle pense que si elle réussit à changer l'issue, à fuir ou à faire face, elle pourra guérir de son passé. Mais malheureusement, ces schémas la replongent encore et encore dans la souffrance, renforçant cette illusion de pouvoir, tout en l’éloignant de la guérison.
Dissociation : une protection inconsciente
Face à la violence, certaines femmes développent une capacité à se dissocier de la réalité. Elles se coupent émotionnellement pour ne plus ressentir la douleur, pour survivre. Ce mécanisme de défense les protège à court terme, mais les empêche souvent de prendre conscience de la gravité de la situation.
Isabelle a grandi avec une mère instable qui la critiquait sans cesse. Dès son enfance, elle a appris à « s’évader » mentalement pour ne plus entendre les reproches. Devenue adulte, Isabelle reproduit ce mécanisme dans ses relations. Quand son compagnon devient violent, elle se détache, presque comme si cela arrivait à quelqu’un d’autre. La dissociation lui permet de survivre, mais la prive aussi de la capacité à réagir. C’est un mécanisme de protection qui devient une prison invisible.
Le poids du déni et de la minimisation
Le déni est un mécanisme de défense courant face à la violence. Il est souvent plus facile de se convaincre que « ce n’est pas si grave » que d’affronter la réalité. Beaucoup de femmes rationalisent la violence en la minimisant, en lui trouvant des excuses. Le compagnon devient « stressé », « fatigué », ou « hors de lui ». Elles s’accrochent aux moments où il est gentil, croyant que c’est la vraie version de lui, et que la violence n’est qu’un accident.
Julie est de celles qui minimisent. Elle aime son mari, et lorsqu’il devient violent, elle se dit que c’est à cause de son travail ou des problèmes financiers. Elle se persuade que tout ira mieux quand il trouvera un nouvel emploi ou quand les choses se calmeront. Elle ferme les yeux sur les signes, refuse d’affronter la réalité, et reste dans une relation qui l’abîme de plus en plus. Le déni lui permet de continuer à croire que la situation est temporaire, mais cette croyance la met en danger.

Les croyances socio-culturelles : rester pour ne pas être jugée
Dans certaines cultures ou familles, la violence conjugale est vue comme un problème privé, un sujet dont on ne parle pas. Les normes sociales et les attentes peuvent pousser certaines femmes à rester dans des relations violentes, par peur du regard des autres ou du jugement.
Fatima, par exemple, est issue d’une famille très traditionnelle où le divorce est mal vu. Bien que son mari soit violent, elle hésite à partir, de peur de perdre le soutien de sa famille ou d’être rejetée par sa communauté. Ce poids du regard extérieur la maintient dans une relation toxique, renforçant son isolement.
Même dans des milieux plus libéraux, le jugement social peut jouer un rôle. Caroline, une femme professionnelle et respectée, craint d’avouer que son mari, si charmant en public, est violent en privé. Elle redoute que les autres la voient comme « faible » ou incapable de gérer sa vie. Elle préfère donc garder le silence, même si cela la détruit.
Dépendance économique : quand partir semble impossible
Certaines femmes restent dans des relations violentes par dépendance économique. Elles n’ont pas les ressources pour partir ou craignent de ne pas pouvoir subvenir à leurs besoins ou à ceux de leurs enfants. L’agresseur utilise souvent cette dépendance comme un outil de contrôle.
Caroline a cessé de travailler après la naissance de son premier enfant. Son compagnon, bien que violent, contrôle tout l’argent et lui donne juste assez pour couvrir les dépenses quotidiennes. Caroline sait que la situation est insupportable, mais elle reste par peur de ne pas pouvoir s’en sortir seule. Cette dépendance financière est un piège qui l’empêche de prendre la décision de partir.
Co-dépendance émotionnelle : quand l’amour devient une prison
Enfin, certaines femmes développent une co-dépendance émotionnelle avec leur partenaire violent. Elles s’identifient tellement à la relation, même toxique, qu’elles ne peuvent plus imaginer leur vie sans cet homme. La violence devient presque « normale », car elle est entrecoupée de moments de réconciliation passionnée, créant une illusion d’amour intense.
Sophie vit dans ce cycle. Chaque dispute violente est suivie d’une période où son compagnon se montre tendre, attentionné, aimant. Elle finit par croire que cette alternance entre souffrance et amour est normale, voire inévitable. Elle se dit que la violence fait partie de l’amour, et que sans ces moments d’intensité, la relation ne serait pas « réelle ». La co-dépendance est une prison invisible, et plus Sophie s'accroche à cet amour, plus elle perd de vue qui elle est vraiment.
À suivre…
Dans la prochaine partie, nous verrons comment reconnaître les premiers signes d’un homme violent, souvent masqués sous des comportements charmants ou attentionnés. Ces indices, parfois subtils, peuvent pourtant sauver des vies.

Comments