L’enfant de 5 ans : quand le comportement parle plus fort que les mots
- psyncoenligne@gmail.com
- 22 mai
- 3 min de lecture
Lecture psychanalytique et accompagnement thérapeutique
"Il pleure pour tout. Il ne supporte pas la frustration. Il crie, frappe parfois.
Est-ce normal ?"
À 5 ans, l’enfant se transforme. Il devient bavard, curieux, volontaire… mais aussi tempétueux, imprévisible, parfois déconcertant. Ce qui semblait acquis peut soudain vaciller : endormissement difficile, opposition constante, angoisses inexpliquées.
Faut-il s’inquiéter ? Est-ce passager ? Comment savoir s’il a besoin d’aide ?
Une étape sensible dans la construction psychique
À cet âge, l’enfant sort de la petite enfance, mais sa structuration psychique est encore en cours. C’est souvent entre 4 et 6 ans que se rejoue la grande scène œdipienne : désirs, rivalités, peurs de perdre l’amour du parent ou d’être exclu.
Il commence à intérioriser les interdits, à différencier ce qu’il pense de ce qu’il peut faire. Mais cela coûte : sa capacité à se contenir n’est pas encore solide. Il peut se sentir envahi, débordé, sans savoir l’exprimer.
Le Moi est encore perméable. L’émotion traverse, sans toujours trouver de mot.
Ce que l’on observe :
Un enfant qui veut tout diriger… puis s’effondre s’il n’est pas rassuré.
Un enfant qui multiplie les “non” comme s’il testait : “jusqu’où puis-je aller sans être abandonné ?”
Des colères impressionnantes, comme si une angoisse sans nom venait envahir tout l’espace.
Quand le comportement devient un appel
Certaines manifestations doivent être écoutées comme des signaux d’alarme affective, en particulier lorsqu’elles sont intenses, durables ou isolantes.
Exemple :
Jules, 5 ans, se mettait sous la table dès qu’on lui demandait quelque chose à l’école. En consultation, à travers des dessins répétitifs de tempêtes, il a exprimé sa peur que ses parents se séparent. Ce qu’il n’arrivait pas à formuler, son comportement le hurlait.
Signes à ne pas banaliser :
Crises violentes répétées, avec perte de contrôle.
Retrait relationnel ou refus de jouer.
Troubles du sommeil persistants malgré un bon cadre.
Peurs envahissantes ou figement anxieux.
Repli dans l’imaginaire ou refus de toute séparation.
Ce ne sont pas forcément des pathologies. Mais ce sont des tentatives de symboliser un conflit psychique, que l’enfant ne peut porter seul.
L’espace thérapeutique : jouer ce qui ne peut encore se dire
En séance, l’enfant ne vient pas pour “parler”, mais pour se dire autrement.
À travers le jeu libre, le dessin, les histoires, il rejoue des scènes de tension ou de soulagement. Il dépose, sans le savoir, des morceaux de son monde intérieur.
Le thérapeute l’accompagne sans interpréter trop vite, mais en créant un cadre stable où ses éprouvés prennent forme.
C’est dans ce cadre que le passage de l’acte à la pensée devient possible.
Ce que l’enfant met en jeu est souvent bien plus parlant que ce qu’il raconte. Et ce travail symbolique, à son rythme, lui permet de retrouver de la sécurité psychique.

Pour les parents aussi, un accompagnement est précieux
L’enfant exprime souvent ce que les adultes n’osent pas encore penser.Un travail avec les parents permet de réajuster leur place, sans culpabilité.
En séance, j’accueille souvent ces phrases :
“Je ne sais plus comment réagir", " Je me mets à crier aussi, je ne me reconnais plus." "J’ai peur qu’il soit malheureux à cause de moi.”
Ces paroles ne sont pas des fautes. Ce sont des appels à être soutenus dans sa fonction parentale, à remettre du sens, de la confiance, du lien.
En thérapie, l’enfant avance plus vite quand ses parents se sentent écoutés, légitimes, réintégrés dans leur rôle.
En conclusion : un comportement est un langage
Un enfant qui s’agite, qui se replie, qui déborde… ne cherche pas à déranger.Il tente, comme il peut, de dire quelque chose qu’il ne comprend pas encore lui-même.
La psychanalyse nous invite à écouter le symptôme comme une production du sujet, non comme une erreur à effacer.Elle permet à l’enfant de retrouver un espace intérieur habitable.Et à ses parents de redevenir, non pas parfaits, mais présents, incarnés, confiants.
Berrine Janssoone
Psychanalyste – Thérapeute enfants, adolescents, couples et familles
Accompagnement analytique et guidance parentale
Visio possible
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